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Une femme ou fille scientifique Malagasy est-ce un choix naturel ? Ornella Randrianantoandro

Une femme ou fille scientifique Malagasy est-ce un choix naturel ? Ornella Randrianantoandro Etudiante en M2 de Biochimie à l’Université d’Antananarivo 3eme Prix de la catégorie Postgradute lors du Ikala STEM Essay Contest 2019.


Plus diplômées et plus nombreuses à poursuivre des études longues, meilleures élèves que les garçons, les filles réussissent en moyenne mieux qu’eux mais s'engagent moins vers les filières scientifiques, qui leur assureraient pourtant une insertion professionnelle plus valorisante. Ces choix conditionnés, entretiennent des inégalités professionnelles et salariales et contribuent à faire de la science un monde dominé par les hommes. D’après l’Institut des Statistiques de l’UNESCO, seulement 30% des chercheurs en Sciences dans le monde, sont des femmes. Ceci est causé par leur manque de confiance en soi, la peur de l’échec engendrant un comportement d'autocensure des filles dans leurs choix d’orientation. Les femmes sont minoritaires dans les postes à responsabilité dans les sciences, les techniques, l'innovation et l'ingénierie, ces domaines demeurant une culture au masculin qui pénalise l'égalité. Heureusement qu’aujourd’hui, le pourcentage des femmes scientifiques commence petit à petit à augmenter. A Madagascar, encore très peu de filles s’orientent vers ces domaines. La majorité d’entre elles choisissent la série littéraire dès le lycée. Ainsi, c’est dans ce cadre qu’une question pertinente se pose : Une femme ou fille scientifique Malagasy est-ce un choix naturel ? Comme il a été dit plus haut, même pas la moitié des filles et femmes Malagasy s’aventurent vers les filières scientifiques, pourtant un futur brillant et prometteur les attend. Mais pour certaines ayant choisi ces filières, ce fait est sûrement naturel. Dès leur plus jeune âge, ces filles se distinguent des autres. Tout d’abord, ça commence par le désir de devenir infirmière ou docteur plus tard. Puis ce rêve se poursuit par la curiosité, le désir de tout connaître. Cet instinct scientifique débute là, on ne se contente plus de ce qu’on nous donne à l’école, on passe la plupart de nos temps à trouver des explications sur tous les faits. Bien évidemment, l’obligation de recherche par soi-même s’impose. Moi personnellement, mon choix était naturel en moi, même si l’on dit « On ne naît pas scientifique, mais on le devient ». Etant encore toute petite, j’admirais beaucoup les médecins en blouses blanches passant à la télé et voulais à tout prix exercer le même métier.Dès les petites classes, j’aimais déjà les calculs. Je passais mon temps à suivre une émission, que je ne ratais jamais à la télé. C’était la fameuse « C’est pas Sorcier », où à chaque fois, je découvrais de nouvelles choses. Puis au fil du temps, mon rêve de devenir docteur s’est envolé. Puisque j’habite sur la côte Sud-Ouest de l’île, je commençais, petit à petit à m’intéresser à la mer. J’admirais beaucoup, ces gens passant à la télé, munissant des combinaisons, bouteilles à gaz, palmes et masques tuba, en faisant de la plongée sous-marine. C’était vraiment très fascinant, c’est ce qui m’a entièrement poussé après mon baccalauréat de choisir les Sciences Marines. De plus, notre milieu marin est actuellement très dégradé pour diverses raisons dont : l’épuisement de nos stocks halieutiques, la destruction des récifs coralliens, le réchauffement climatique, la pollution par les déchets plastiques. Ceci m’a motivé à prendre des initiatives afin de contribuer et d’apporter des solutions durables. Actuellement, j’ai mon Licence. J’ai décidé de poursuivre mes études en Master et me spécialise en pêche, aquaculture et contrôle qualité des produits halieutiques. Je compte m’aventurer jusqu’au niveau Doctorat, ensuite créer ma propre entreprise en pisciculture. En effet, l’aquaculture pourrait résoudre ces problèmes catastrophiques tout en permettant le renouvellement de nos stocks. En fait, je n’ai jamais regretté d’être scientifique, au contraire, de nombreuses opportunités se sont ouvertes vers moi. Aujourd’hui, je peux dire que j’en suis fière. Ce n’est pas encore fini, les recherches ne font que commencer. Etre scientifique demande juste de la passion, patience, persévérance, motivation, une bonne vision et surtout un bon projet pour l’avenir. En somme, être une fille scientifique Malagasy ne peut être qu'un choix très naturel résultant du devoir d’apporter sa propre contribution face à de nombreux enjeux. De plus, ce choix est déjà encré en nous dès notre plus jeune âge. J’encourage beaucoup les filles et femmes Malagasy à se tourner vers ce domaine et à ne se laisser jamais aller puisque les hommes et femmes ont les mêmes capacités d’apprentissage et d’adaptation. Pour terminer, il est important de favoriser la promotion des jeunes femmes scientifiques à l'échelle nationale et mondiale et plus que jamais nécessaire de présenter des exemples de femmes dans les métiers scientifiques et techniques, les différents prix, récompenses et médailles devant eux-mêmes servir de modèles.

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